TEST 15 JOURS

TF1 et M6 abandonnent leur projet de fusion

Les conditions posées par l'Autorité de la concurrence ont convaincu les groupes Bouygues et RTL de renoncer à l'opération.

Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 16 septembre 2022 à 19h04 - Mis à jour le 19 septembre 2022 à 10h26

Bouygues et RTL Group ont annoncé vendredi 16 septembre en début de soirée mettre fin au projet de fusion des groupes TF1 et M6, annoncé en mai 2021. Ils l’expliquent par les conditions imposées par l’Autorité de la concurrence, jugées trop restrictives, y compris après les auditions des 5 et 6 septembre.

“À la suite des débats avec l’Autorité et malgré les remèdes additionnels proposés, il apparaît que seuls des remèdes structurels concernant a minima la cession de la chaîne TF1 ou de la chaîne M6 seraient de nature à permettre l’autorisation de l’opération. Les parties ont donc conclu que le projet ne présentait plus aucune logique industrielle”, a indiqué TF1 sur son site. “En conséquence, en accord avec les autres parties, Bouygues a décidé de mettre fin au processus d’examen de l’opération devant l’Autorité de la concurrence”, ajoute le groupe.

La télévision et la SVOD demeurent deux marchés distincts, selon l’Autorité

Dans l’examen du dossier, l’Autorité de la concurrence est restée ferme sur sa position initiale : les usages de la télévision en linéaire ne sont pas comparables avec ceux de la vidéo à la demande, de même que la publicité à la télévision et celle sur le numérique ne sont pas des marchés comparables. Avec près de 30 % d’audience et 75 % de parts de marché publicitaire en télévision concentrées dans les mains d’une même entité réunissant les deux acteurs, l’opération aurait alors pu engendrer des risques concurrentiels.

“La télévision reste un média très puissant auprès de la population française dans son ensemble, souligne-t-elle dans un communiqué publié aussitôt après celui de TF1 vendredi 16 septembre au soir, en particulier auprès des personnes âgées de 25 à 49 ans, qui constituent la principale cible commerciale des annonceurs.”

L’arrivée de Netflix et Disney dans la publicité vidéo en ligne ces prochains mois n’a pas fait varier sa position. L’Autorité de la concurrence considère en effet que le développement des services de SVOD ne permet pas “à un horizon prévisible, de remettre en cause cette puissance dans la mesure où ces derniers ont vocation à rester des modèles payants”, contrairement aux services édités par TF1 et M6. Cette services reposent avant tout “sur une promesse de consommation individualisée, qui n’est pas propice à une diffusion d’annonces publicitaires de manière simultanée auprès de l’ensemble des utilisateurs”.

Selon Benoît Coeuré, président de l’Autorité de la concurrence, cette évolution des modèles des plateformes vers la publicité “ne remet pas en cause cette réalité du fonctionnement du marché” dans la mesure où la publicité sur leurs services “devrait continuer à relever très majoritairement de la publicité ciblée.”

La consolidation du secteur va se poursuivre

Le coup est rude pour TF1 et M6, qui avaient consacré beaucoup d’efforts et d’énergie à cette fusion. Elle devait offrir de nouvelles perspectives au nouveau groupe fusionné dans un univers audiovisuel en plein bouleversement qui nécessite, de l’avis des acteurs et des observateurs, une consolidation. Surtout, les deux groupes avait tenté de convaincre le marché et les analystes financiers en construisant un narratif sur l’intérêt vital d’une fusion pour les deux groupes. Il faudra désormais faire sans. Ou trouver pour chacun d’eux un autre partenaire ou une nouvelle cible.

L’urgence est sans doute plus réelle pour M6 : Bertelsmann a annoncé son souhait de céder son groupe audiovisuel français. Or l’Arcom doit renouveler son agrément au printemps. Passer cette date, un changement d’actionnaire sera impossible durant cinq ans.

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