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Olivier Bonsart va quitter la présidence de 20 Minutes, Frédéric Daruty arrive : quel bilan ?

mind Media le révélait lundi 1er octobre, Olivier Bonsart quittera dans quelques semaines ses fonctions occupées depuis 2012. Que retenir de sa présidence ?

Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 01 octobre 2018 à 16h04 - Mis à jour le 15 janvier 2021 à 18h11

Seize ans après son lancement en France, le titre 100 % gratuit s’apprête à entamer une nouvelle page de son histoire. Olivier Bonsart, président de 20 Minutes France et directeur de la publication depuis six ans, va quitter son poste. Cela faisait quelques mois que l’hypothèse était évoquée ; il est âgé de 64 ans.

Les deux actionnaires qui se partagent de manière égale le capital de 20 Minutes, les groupes Rossel et Sipa-Ouest France, se sont accordés sur le nom de Frédéric Daruty pour lui succéder (sa fiche Linkedin). Celui-ci travaille depuis huit ans au sein du groupe Prisma Media (Femme Actuelle, Gala, Voici, Capital, Geo, Business Insider France…). Il y a été directeur des activités numériques, puis directeur exécutif, avant d’être nommé en juin 2016 directeur exécutif du Groupe Cerise lorsque celui-ci a été acquis par Prisma Media.

Cerise est un groupe qui édite deux sites d’info-divertissement, Oh my mag, dédié aux femmes, et Gentside, dédié aux hommes, qui sont déclinés en plusieurs langues (lire notre encadré en fin d’article). L’ensemble des déclinaisons réalisent entre 80 et 100 millions de visites mensuelles, selon l’ACPM. En France, Médiamétrie//NetRating attribue au groupe 13 millions de VU mensuels dédupliqués (lire l’interview de Frédéric Daruty à mind Media datée de juin dans laquelle il explique le modèle du groupe et détaille ses resultats).

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Que retenir de la présidence Bonsart ? 

Olivier Bonsart a réalisé l’essentiel de sa carrière chez l’un des actionnaires, Ouest France (sa fiche Linkedin), occupant différents postes de direction, au développement et à la stratégie, et intégrant les conseils de surveillance de certaines filiales. Il met d’ailleurs un pied à 20 Minutes de cette façon, en juin 2010, en étant nommé président du conseil de surveillance. Quand un peu plus de deux ans plus tard il passe à un rôle opérationnel en succédant à Pierre-Jean Bozo à la présidence de la société, celle-ci subit déjà de plein fouet la crise publicitaire qui touche la presse.

Olivier Bonsart adopte une politique plus prudente que son prédécesseur et s’attache à limiter les coûts. La rédaction est progressivement rajeunie, le titre . En parallèle, il engage le journal dans une stratégie numérique volontariste, tournée vers le mobile et les réseaux sociaux pour cibler les jeunes urbains. Ce qui lui a d’ailleurs permis d’annoncer fin 2014 que “20 Minutes est maintenant un pure player qui édite aussi un journal” (lire son interview dans mind Media).

Olivier Bonsart a dû composer avec un marché publicitaire difficile, autant sur le papier que sur le numérique, entraînant comme pour la plupart des éditeurs de presse, un chiffre d’affaires en baisse continue. Le modèle de 20 Minutes, avec des articles courts et faciles à lire, gratuit et financé à 100 % par la publicité, destiné à un lectorat jeune et urbain, faisait sa force lors de son lancement en 2002. Une époque où le numérique n’avait pas bouleversé le paysage de la presse.

Depuis, l’apparition d’autres quotidiens gratuits, l’explosion du mobile, des réseaux sociaux et la multiplication des offres de contenus en ligne a rendu ce marché beaucoup plus concurrentiel et fait vaciller le modèle. D’autant que les annonceurs sont désormais moins intéressés par des volumes d’audience et s’attachent à communiquer dans des contextes médias soit plus qualitatifs, soit plus ciblés (Google, Facebook). Le chiffre d’affaires de la société s’est régulièrement érodé depuis 2011 et seuls trois exercices en dix ans ont permis de générer un résultat net très légèrement positif.

Alors que la quasi-totalité des éditeurs développent des offres payantes en ligne, 20 Minutes (100 journalistes environ au siège et en région sur près de 200 collaborateurs) a choisi de rester sur un modèle 100 % gratuit. C’est finalement l’arrêt de la version papier du concurrent Metronews en juillet 2015, puis de son offre en ligne en août 2016, qui lui a donné une bouffée d’air frais. Depuis, le titre a endigué la baisse de son chiffre d’affaires annuel, à près de 40 millions d’euros, et retrouvé un résultat net (légèrement) positif en 2016 et 2017, indiquait Olivier Bonsart lors d’une conférence de presse au printemps dernier.

Frédéric Daruty arrivera fin novembre

Le passage de relais avec Frédéric Daruty devrait avoir lieu dans la dernière semaine de novembre. Sa mission sera de poursuivre la digitalisation de 20 Minutes et d’améliorer la monétisation des contenus : avec chaque mois 22,1 millions de Français au contact de sa marque au moins une fois par mois sur papier, mobile, ordinateur ou tablette (chiffre ACPM, étude One Global V3 2018) 20 Minutes s’est solidement installé dans le paysage média.

Environ 70 % de cette audience provient du numérique. Et principalement de son offre mobile, qui attire plus de 10 millions de visiteurs uniques par mois, soit entre 65 et 75 % de son audience numérique. Un virage numérique que le titre a été parmi les premiers à prendre en France mais qu’il a des difficultés à monétiser davantage.

Une période de transition pourrait être mise en place, Olivier Bonsart occupant alors un rôle de conseiller à la présidence pendant quelques semaines.

Le groupe Cerise en chiffres

Selon l’ACPM, le groupe Cerise réalise entre 80 et 100 millions de visites mensuelles via ses deux sites d’info-divertissement traduits en 6 langues chacun. En France, selon Médiamétrie//NetRatings, Oh my mag (dédiée aux femmes) attire 8 millions de VU mensuels sur l’internet global et Gentside (dédié aux hommes) 8,8 millions. Soit 13 millions de VU mensuels dédupliqués au total. Dans une interview publiée en juin sur notre site, Frédéric Daruty nous indiquait que Cerise était rentable avec des revenus d’un peu plus de 15 millions d’euros en 2017, contre 11,5 millions d’euros en 2016. Un progression de 20 % est visée cette année. Ses revenus sont constitués par des publicités vidéo instream, du display classique, du native advertising et du brand content, ainsi, dans une moindre mesure, que par la prestation de community management et de production de contenus.

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